Le Ségur de la Santé : La contribution des GREPA
Les 13 et 20 Avril 2020, les GREPA se sont retrouvés sur Zoom et avec Klaxoon avec les animateurs des groupes de travail de la stratégie GT6 et GT4 – ils s’occupent de l’accès au logement et de l’accès à la Santé – L’objectif de la rencontre était de réfléchir ensemble sur « l’aller vers » en santé. Au même titres que des médecins, soignants, éducateurs, ou responsables d’hôpitaux, de structures sociales, de l’ARS etc…
Tout le monde avait réfléchi en amont, sur ce qu’est la santé, ce qu’il y aurait à faire etc…
Voici la contribution et la proposition que le Groupe Ressources des GREPA à faite le 20 avril 2021 :
Un constat : la souffrance dans les relations avec le social/médicosocial/médical
Lorsqu’on doit faire appel à l’aide, on vit des difficultés qui nous amènent à 3 types D’ÉCHECS… :
- parce qu’on a raté quelque chose (impossibilité de payer les factures, rupture de travail, ruptures ou constat d’échec en famille…)
- parce qu’on a essayé de s’en sortir seul, on n’a pas trouvé les bonnes informations et on s’enfonce.
- parce qu’on vit l’arrivée dans le bureau de l’assistante sociale, de l’éducateur, de l’infirmière ou du médecin comme si on mendiait de l’aide, avec la honte, la peur au ventre…
Dans tous les cas, on n’a pas envie d’être là… c’est pour ça qu’on a du mal à entendre les explications. Chacun réagit comme il est, soit on fait l’autruche, soit on est en colère contre le système, soit ….
Pourtant on aurait toujours le désir de s’en sortir seul, et ne plus venir mendier… On veut apprendre et comprendre : comment remplir un dossier, où prendre un RDV, où trouver les moyens de prendre notre défense… mais on fait souvent à notre place, « pour aller plus vite ».
En discutant ensemble, on a vu des choses qui fonctionnent. On vous fait des propositions, si elles vous intéressent, on souhaite continuer à réfléchir, avec vous, là-dessus. :
Proposition 1 : Ce qui aide dans l’accompagnement
La continuité de l’accompagnement : le plus dur dans l’accompagnement social, c’est de raconter sa vie à tout bout de champs (les erreurs, les difficultés, les ruptures…). Avoir la même personne dans la durée, ça aide.
« Relire » ce qui s’est passé, et comprendre nos erreurs, sans être culpabilisé, Que ce soit avec un éducateur, ou un psychologue, un bénévole, c’est un élément important pour qu’on se relève et qu’on trouve le ressort pour s’en sortir.
Être à deux à entendre : quand on n’est pas bien, on est dans l’incapacité d’entendre ce que le soignant ou l’assistante sociale nous dit. On est tellement dans l’angoisse. Aller au RDV avec une personne de confiance (bénévole, ami du quartier, professionnel qui m’accompagne…) ça permet de reprendre ce qui s’est dit dans l’entretien et de mieux agir après…
Le soutien dans les recours : On a besoin d’être soutenu et éclairé par des spécialistes qui nous accompagnent jusqu’au bout.
On nous dit qu’on peut porter plainte, quand des médecins et des spécialistes nous refusent, parce qu’on est à la CMU-CSS, ou en tutelle, quand on est dans un logement « de marchands de sommeil », logement insalubres, etc…
Embourbés dans les problèmes on n’a pas la force de le faire. Alors on se tait et on laisse faire.
Proposition 2 : une « personne ressources » pour répondre à nos questions
Une « personne ressources » qui vient dans les quartiers au bas des immeubles, dans le village qui serait disponible pour répondre à nos questions : on pourrait, avant même de « tomber dans une plus grosse galère » aller chercher l’information : Où aller pour débroussailler mon dossier, où trouver l’info pour connaitre mes droits (mes devoirs, mes recours), où trouver un ordinateur quand j’arrive plus à me connecter, comment faire pour échelonner mes factures… quoi faire si je m’aperçois que mon enfant tourne mal, où me renseigner pour accéder à une formation et quels mots utilisés pour qu’on comprenne ce que je cherche, etc…
Ces personnes ressources pourraient travailler avec des « ambassadeurs » pour multiplier l’action d’information, d‘orientation et de conseil.
« Des ambassadeurs, des groupes citoyens » : on a découvert le travail des Ambassadeurs Santé dans la ville de Lille. Ce sont des personnes qui vivent dans les quartiers, et qui acceptent d’être bénévole pour aider les habitants du quartier à aller vers les centres de santé. Les ambassadeurs sont « formés » et « informés » des choses pour orienter des habitants vers les bons lieux et les bonnes personnes ; ils vont jusqu’à les accompagner pour rassurer. Ils sont aussi consultés et réfléchissent à partir de problématiques du quartier ou du village. Ils sont un véritable réseau pour « aller vers ». Ils savent où trouver les plus en difficultés, ce qu’on appelle les « invisibles ».
Propositions 3 : Travailler en partenariat avec des associations caritatives
Travailler en partenariat avec des associations caritatives : les bénévoles des associations caritatives sont déjà sur le terrain dans plein de lieux. Souvent, les bénévoles sont informés des lieux où sont les plus fragilisés dans le quartier ou le village. Ils ne sont ni assistantes sociales, ni éducateurs, mais ils ont une connaissance plus approfondie de la vie des personnes en galère.
Propositions 4 : Développer la participation des personnes concernées
La proposition qui nous tient le plus à cœur : DEVELOPPER LA PARTICIPATION des PERSONNES CONCERNEES. Il y a des expériences participatives et collaboratives qui sont déjà en route :
- À l’UTAS (unité territoriale d’action sociale) de St Quentin, il y a le groupe citoyen et le groupe bénévoles constitués de personnes inscrites au RSA : ils ont fait évoluer les dispositifs sur le territoire
- Le CRPA – conseil régional des personnes accompagnées (accueillies)
- Les ambassadeurs santé, dont on a parlé…
- Dans des centres sociaux, dans des associations, …
- Il y a nous, le réseau des GREPA en train de se constituer (et on est en train de travailler avec vous aujourd’hui)
Ça veut dire que c’est possible, dans certaines conditions, et que les effets peuvent être rapides. Et on sait combien ça nous aide d’être utiles, d’être écouté et entendu. On est capable de vous aider pour comprendre ce qui bloque dans la mise en place des dispositifs.
On a lu dans les propositions du Ségur qu’une des propositions était de mettre en place des centres de santé participatifs… Est-ce que ça va se faire dans les Hauts-de-France ?
Pour conclure on aimerait vous dire trois autres préoccupations que nous avons tous ensemble :
- Quand on passe d’un statut de « valide » à « invalide » ou « handicapé », le changement de statut et le temps de traitement des dossiers nous font entrer dans plus de précarité, sans ressources.
- il y a un public dont on ne parle pas ou pas beaucoup, les personnes sans droit, sans papier. Elles sont présentes dans les hôpitaux, les services d’aides alimentaires…
- Lors d’une rencontre sur les questions éthiques du travail social, nous avons pris conscience de la souffrance des agents sociaux, médico-sociaux et médicaux. Cette souffrance est différente de la nôtre, mais parfois cela influe sur les accompagnements. Ils nous ont partagé la question de la perte de sens, du découragement, de l’incompréhension des dispositifs par exemple… mais aussi du bienfait de participer à des actions collaboratives, qui installent une relation plus saine avec les personnes concernées.
Cette rencontre a pu permettre au membres des GREPA et des institutions de s’écouter et de réfléchir ensemble sur les orientations concrètes et de proposer des choses. voici le tableau de notre travail commun, en World Cafe :